Parcours historique de la CDM

Une Caritas diocésaine est une branche technique de la pastorale de la charité de l’Evêque dudit Diocèse A ce jour, le Diocèse de Mbujimayi est à son troisième mandat épiscopal. Tous ses trois Evêques ont eu à encourager et à organiser les œuvres caritatives de ce Diocèse, chacun à sa manière et selon les circonstances du moment.
La Caritas Mbujimayi, devenue aujourd’hui Caritas Développement Mbujimayi (CDM en sigle), coexiste avec ce Diocèse et elle a été permanente durant ces 3 mandats épiscopaux. Puisque chacun de ces trois mandats a eu sa particularité, ainsi la Caritas diocésaine de Mbujimayi s’est-elle toujours enrichie au fil de temps grâce à l’apport de ses animateurs.


 
Première phase : De la création de la CDM
 
C’est en 1960 que la Caritas Mbujimayi fut créée par Son Excellence Mgr Joseph NKONGOLO wa NGOYI, premier évêque et Père fondateur du Diocèse de Mbujimayi. En effet, Mgr Joseph NKONGOLO est considéré à juste titre comme le bienfaiteur de l’ancienne province du Kasaï-Oriental. De lui, l’opinion générale admet qu’il fut un homme qui témoignait d’une grande dignité et d’une fierté désarmante qui lui permettait de démasquer tout complexe de supériorité. Homme d’amitié et d’échange, Monseigneur NKONGOLO savait bien partager le sens critique dans un jugement plein des raisons. Il savait discerner la mission de l’Eglise dans une situation politique radicalement nouvelle et qui, en fait, allait constituer le début d’une longue marche de l’Eglise de son Diocèse.
 
C’est avec fermeté et courage et aussi avec sagesse qu’il savait lire et discerner les signes des temps, surtout à l’époque de la politique dite de l’authenticité mobutiste. A ce point, il n’est pas exagéré d’établir un rapprochement entre la grande stature du cardinal MALULA et la sienne propre. Entre les deux prélats, une longue amitié et une appréciation réciproque les caractérisaient. En tant que Fondateur du Diocèse, il est en même temps l’initiateur et le forgeron de la Caritas diocésaine de Mbujimayi qui a vu jour pour répondre aux besoins de la crise créée par les tristes événements qui ont accompagné notre pays lors de son accession à l’indépendance.
 
A la création de la Caritas Mbujimayi, Mgr Joseph NKONGOLO nomme le Père Jules VANHAME comme premier Directeur de cette Caritas diocésaine. Celui-ci organise l’assistance aux déplacés et victimes des conflits de l’après Indépendance du Pays. Cette première phase de la Caritas prend fin en 1965, et les bureaux de la Caritas restèrent presque fermés et vides et ce, jusqu’à leur réouverture en 1993 avec la crise provoquée par le refoulement des Kasaïens de la province du Katanga.
 
Cependant, l’action de la Caritas continuera à travers les paroisses. C’est ainsi que dans presque chaque paroisse du Diocèse un comité ou une commission paroissiale des œuvres de la charité a existé portant le nom luba de «Kasaka ka midimu ya lusa». A traduire par « Commission paroissiale de la charité » ou en d’autres mots « la Caritas paroissiale ».
 
Cette persistance de la Caritas à exister naturellement, et donc, même sans financement extérieur, est la preuve que l’Eglise de Jésus-Christ ne peut pas vivre et témoigner de sa foi en Jésus sans les œuvres de la charité. Il s’agit là d’un premier facteur d’efficacité de cette Caritas diocésaine. Ainsi, la Caritas, avant d’être considérée comme une Organisation Non Gouvernementale (ong) ou une Association Sans But Lucratif (ASBL), est avant tout l’œuvre de l’Eglise, mieux encore le cœur battant de la Pastorale sociale de celle-ci.
 
Nous pouvons donc dire que cette première étape fut celle d’une Caritas essentiellement « URGENCE », suite à la crise liée à l’accession de notre pays à l’Indépendance.
 

 
Deuxième phase : De la redynamisation de la CDM
 
Par ailleurs, l’année 1993 marque le début de la deuxième phase de la Caritas diocésaine de Mbujimayi. Car c’est l’année qui a vu se ré-ouvrir le Bureau Diocésain de Caritas le 1er novembre 1993 par Son Excellence Mgr Tharcisse TSHIBANGU TSHISHIKU, deuxième évêque du Diocèse et successeur direct de Mgr Joseph NKONGOLO.  C’est un an après sa prise de possession canonique du Diocèse, que Mgr Tharcisse décide de ré-ouvrir ce Bureau (resté fermé pendant presque 28 ans), pour répondre à une autre crise qui a surgi suite au refoulement des Kasaïens du Katanga. C’est le Révérend Père Carlos Van PUYENBROECK qui est nommé comme premier Directeur de cette deuxième phase, en étant en réalité le 2ème Directeur dans l’histoire de la Caritas diocésaine. Il organise l’accueil et la réinsertion des familles refoulées. Des relations solides sont établies avec les grands organismes internationaux d’aide humanitaire. Il y a lieu de noter là un autre facteur d’efficacité de cette Caritas : sa capacité de sortir de ses limites pour entrer en contact avec les grands organismes nationaux et internationaux. Car, il n’y a pas lieu de se développer  tout en vivant en vase clos. L’adage luba qui dit « Bungi mbupita bulobu » (qui veut dire en français «l’union fait la force») et bien d’autres adages luba  du même genre, en disent long.
 
Au retour définitif du Père Carlos en Europe au mois d’août 1995, Mgr Tharcisse nomma son successeur en la personne de Monsieur Dieudonné BANZA DITADI. Il devient le 3ème Directeur, mais le premier Directeur laïc de l’histoire de cette Caritas. Il continue la gestion de la crise du refoulement des Kasaïens du Shaba. Avec lui, après la phase d’aide d’urgence en 1996 en rapport avec la crise humanitaire provoquée par ce refoulement, la Caritas Mbujimayi se redéfinit, se restructure et se professionnalise. C’est-à-dire : les activités sont réalisées par un personnel formé dans la planification et l’évaluation des tâches accomplies. Elle devient une structure importante au niveau provincial et même national ; avec des bailleurs extérieurs, elle réalise des grands projets humanitaires de grande envergure et d’appui au développement en vue de redonner à l’homme de la province sa dignité de personne créée à l’image de Dieu.

 
Troisième phase : De la consolidation de la CDM
 
En Septembre 2009, Mgr Bernard-Emmanuel KASANDA, alors Evêque Auxiliaire, prend le bâton de pasteur de ce Diocèse. Avec lui commence alors le processus d’intégration des trois bureaux, à savoir le BDC, le BDD, et le BDOM, en une seule structure. Ainsi la Caritas diocésaine change sa dénomination : il ne s’agit plus simplement de la Caritas-Mbujimayi, mais plutôt de la «Caritas-Développement Mbujimayi», CDM en sigle. Cette intégration devient effective le 17 Décembre 2012, par Décret épiscopal. En octobre 2013, en la fête de Saint François d’Assise (le Saint-patron des pauvres), Mgr Bernard nomme à la tête de la CDM, Monsieur l’Abbé Alphonse NKONGOLO MULAMI comme nouveau Coordinateur en remplacement de Monsieur Dieudonné BANZA DITADI qui venait de quitter la direction de la CDM par démission après dix-huit ans de service. L’abbé Alphonse devient ainsi le 4ème Directeur  (Coordinateur selon la nouvelle terminologie) de cette institution diocésaine. Il continue l’œuvre de ses prédécesseurs en étant confronté à bien de défis. En effet, comme sous les autres mandats épiscopaux précédents, sous celui de Mgr Bernard, la CDM a globalement connu jusqu’à ce jour 3 grands défis caractéristiques qui méritent d’être mentionnés ici:
 
-   l’intégration débutante et chancelante de trois bureaux de la CDM (BDC, BDD, BDOM). En effet, jusqu’à ce jour, d’énormes efforts sont encore à fournir pour avoir une Caritas diocésaine de Mbujimayi réellement et véritablement intégrée.
Cela a fait que plusieurs sessions du Conseil d’Administration de la CDM ont eu à consacrer beaucoup d’énergies pour doter cette structure de tous ses textes légaux (statuts, R.I., Manuel des procédures, Plan de renforcement des capacités, Plan stratégique et Opérationnel) lui permettant de fonctionner en structure professionnelle et compétitive sur le plan socio-économique de la province et de la nation. Cela est un autre acquis et un facteur d’efficacité de la CDM.
 
-   la crise dite de KAMWINA NSAPU et les difficultés ressenties par la CDM pour y répondre suffisamment, ont constitué un autre défi de la troisième phase de notre Caritas. Si lors du refoulement du Katanga, la Caritas Mbujimayi avait réussi facilement à mobiliser les ressources conséquentes, cela n’a pas été totalement le cas pour la CDM durant cette nouvelle crise. Les facteurs pouvant justifier cela sont nombreux. Parmi ces nombreux facteurs, il sied de noter le changement du paysage humanitaire de la province : lors de la crise du refoulement du Katanga, la Caritas était presque l’unique organisme humanitaire local fiable, crédible et stable. Tandis qu’aujourd’hui, plusieurs organismes locaux et internationaux sont en compétition sur le petit territoire de l’actuel Kasaï Oriental. Toutefois, dans cette compétition le rôle de la Caritas a été très remarquable et très appréciable. Il suffit de relever dans les pages qui suivent le nombre des bailleurs approchés et de projets d’urgence réalisés par la CDM au bénéfice des populations victimes de cette crise qui n’a pas dit son nom. Il faudrait noter comme grand acquis durnt ce moment de crise de Kamwina Nsapu: la redynamisation à travers tout le Diocèse, du système de veille humanitaire. La CDM a sensibilisé, à travers son BDC, pour que tout le monde (chrétiens, non-chrétiens, autorités tant civiles que religieuses,…) devînt  VEILLEUR afin de prévenir désormais toute crise inutile et sauver des vies humaines. La CDM est et sera le grand fournisseur des alertes à toutes les instances pour que la vie humaine, dans les limites du Diocèse, soit partout sauvegardée.
 
-   Les effets néfastes de la crise économique et politique au niveau mondial et au niveau national (et même provincial) ont constitué le 3ème défi remarquable au cours de cette phase de la CDM. Comme pour tous les mandats épiscopaux, le climat politique, social, économique, … de l’environnement mondial et national n’a jamais été de toute quiétude. Quand il pleut dans le pays, il pleut aussi dans l’Eglise, dit-on. Et Gaudium et spes de renchérir : « Les joies et les peines de ce monde sont aussi les joies et les peines de l’Eglise » (GS n°1) . En revanche, la CDM a réussi à faire face à ces crises. Elle a surmonté et a survécu à cette crise mondiale. Pouvons-nous affirmer que cela est une confirmation que la CDM ne disparaitra jamais à cause du manque des financements. L’histoire de l’Eglise nous en dit long. C’est ainsi que la CDM, étant un secteur vital de cette Eglise, a survécu à toute cette crise économique qui n’a pas pu l’emporter sur elle. La foi en Dieu, et l’appartenance de la CDM à Jésus-Christ et à son Eglise constituent un autre facteur de son efficacité.